L'INTERVENTION AU DOMICILE

Publié le par a-traverschamps

L’intervention au domicile : La présence de l’objet

 

Texte issue d’échanges du premier groupe de travail 2013 sur ce thème.

Intervenir au domicile des personnes suppose que nous nous adaptions aux changements de personnalité que produisent les variations de décor, d’appartenance de territoire.

Qui est derrière la porte ?

Qui va-t-on trouver ?

Où mettons-nous les pieds ?

Au seuil de la porte une scène se dessine, se découpe comme un jeu d’ombres chinoises, en entrant dans la sphère privée, prêt à échanger quelques conventions comme des mots de passe, nous risquons de rencontrer l’intime, celui de l’autre, peut-être le nôtre. Cet intime qui peut confiner parfois à l’insupportable, sinon à l’irrecevable. Aussi de quoi s’arme-t-on dans cet aller-vers, des fois que la rencontre brutale avec l’intime nous assaille ?

Intervenir au domicile c’est peut-être déjà bâtir des défenses face à la possible rencontre de cet insupportable intime. Ces défenses peuvent prendre la forme de fantasmes ? Des scènes se dessinent : la séquestration, l’inceste, le meurtre, la maltraitance, des signes infimes les suggèrent. Le fantasme a pour fonction de mettre le réel à distance, mais il n’est pas exclus que la réalité le rejoigne, l’intervention au domicile est une pratique au risque du trauma.

Mais l’intervention au domicile est aussi le pari d’un possible « entre » dans l’antre de l’Autre. Elle est la possibilité d’introduire de la circulation, de la décongestion, au lieu même du figé, du trop ouvert, de l’en voie de choir.

L’intervention se motive bien de la présence de l’objet. D’où l’angoisse qu’elle suscite.

Bien sur les modes d’intervention varient en fonction des missions, la façon dont est attendu en dépend en partie : investigation ; maintien d’un lien, apport d’une aide, mais l’intervention comporte toujours un risque de voyeurisme ou de contrôle.

Revirement, l’objet se trouve là du côté du professionnel : Le regard. Risque de violer l’intimité de la famille.

L’angoisse surgit quand l’objet est en jeu, quand on a ou qu’on est l’objet.

Alors bien sûr du côté des défenses il y a quelques stratégies : intervenir à deux, faire des entretiens préalables au service, ne pas se laisser happer par la solitude, toujours avoir en tête l’équipe, les murs de l’établissement, se souvenir d’où on vient même si on ne sait pas où on va, le risque de se perdre est proche. Proche la nudité.

Dans l’intervention au domicile, comme aux pôles, l’aiguille du compas de nos fantasmes s’affole, la polarité est suspendue, on eut être tour à tour agresseur et agressé.

Alors bien sur le corps est en jeu.

Comment s’habille-t-on dans cette rencontre possible avec l’objet ?

GT

Le 04.10.2013

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